Bienvenue au cœur de Pérégrinations maritimes d’un ciré jaune sur talons de 12, mon journal de bord depuis quelques années !

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Journal de bord

Chapitre 9

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TRANSAT No 2, C’EST REPARTI !

Trois ans plus tard, IO est bientôt de retour sous le soleil des Antilles. De l’autre côté, là-bas. 

Après s’être délesté de 35 couches d’antifouling, un vrai sablage lui a redonné un coup de jeune : oubliées rouille et disqueuse, la coque sous flottaison a fait peau neuve. 2 nœuds en plus sur la vitesse moyenne a dit le sableur, tsss. Mais ça, c’était avant de rajouter une terrasse pour l’apéro[1]… (Et surtout, on se mettait bien le doigt dans l’œil, comme vous le verrez plus tard.)

Un dernier coup de peinture jaune pour le style, d’antifouling pour le principe, un dernier stage d’école de croisière, et hop ! La route du Rhum, c’est pour (très) bientôt…

24 OCTOBRE 2018 – PROLOGUE : CIRÉ JAUNE, ÉPISODE 34

En 2016, je traversais l’Atlantique dans le sens retour avec un ciré jaune et des bottes taille 45[2]

En 2017, je me faisais un golfe de Gascogne avec des chaussons de Noël (assez utiles par 5 °C). 

Aujourd’hui, je repars pour un golfe et une transat’ dans le bon sens : pas d’inquiétude, le ciré est à sa place, j’ai même investi dans des bottes à ma taille et un nouveau téléphone satellite qui fonctionne à moitié (trois semaines que je suis sur le coup, mais j’suis une intello, moi, pas une ingénieure). 

Bien que les prévisions annoncent du vent de nord-est[3], j’ai quand même ressorti la bassine… 


Vomita is back et ça ne fait que (re)commencer. 

Rendez-vous au cap Finisterre, première étape du voyage. 

28 OCTOBRE 2018 – GOLFE DE GASCOGNE, VOLUME 3 : TOUT AVAIT POURTANT SI BIEN COMMENCÉ…

Ô le traître. Le Gascogne a tenu ses promesses. 

Encore une fois, note pour plus tard : Gascogne = avion. 

Le Gascogne, c’est tout ou rien. La pétole ou la baston, faut s’adapter.

Mercredi, 18 heures. Après six heures de nav’ qui ont permis de faire couler tranquille le resto de la veille et la bouteille de blanc ce matin au réveil avec les maîtres de port (un cadeau de départ, ça ne se refuse pas, merci Fifi et Bertrand, mais c’était un peu tôt), là, y a comme un blème. Vomita n’a toujours pas sévi. Ben non, là, j’ai pas envie. Je me suis bien coincé l’index jusqu’au sang au bout de douze minutes de nav’ dans l’arceau de la capote (ça commence bien… mais le capitaine affirme que le Doliprane c’est pas juste pour les lendemains d’apéro, parole d’expert), mais pour le reste, RAS. La mer est plate, 30 °C sous capote de descente, les vingt-quatre heures de moteur durant lesquelles nous sommes escortés par Rémi sans famille, le dauphin solitaire, laissent mon estomac en paix. Le problème, donc, c’est que j’avais pas prévu que ça se passe aussi bien. En général, y a des gerbes (dans tous les sens du terme) au bout de vingt-sept minutes de mer, alors je fais jamais un gros stock de cigarettes, ça sert à rien… Mais à ce rythme, j’en aurai jamais assez pour trois jours. IO trace donc sa route vers le presque sud. J’ai ainsi toute aise pour me concentrer sur la raclette party au Mont d’Or qui s’annonce. Sauf que, vingt-quatre heures plus tard, c’est tourmentin et trois ris dans la GV[4]. Des grains de 20 à 40 nœuds. Des grains de riz aussi. Je te fais pas de dessin. La bassine est sortie (et remplie), les bottes et le ciré aussi. Et Bicky II qui plonge la tête la première dans la flotte à chaque embardée à bâbord… Courage, Bicky, bientôt le soleil ! La bonne nouvelle, c’est que par conséquent j’ai eu assez de clopes pour l’arrivée à Ares, sous une pluie de grêlons. Bienvenida en España

Au fait, Guy Cotten, j’ai bien compris que t’avais toujours pas décidé d’intégrer la pochette à vomi dans tes cirés, mais, sérieusement, est-ce que tu penses réellement que tous les pêchous qui vont bosser au large des heures durant dans tes salopettes de compète, ils ne font jamais pipi ? La fermeture éclair, c’était plus cher ? On en reparle à mon retour, mais ça m’arrange pas bien, parce que mon pêchou des mers, il pisse vingt-quatre fois par jour, alors imagine l’ambiance sans fermeture éclair en plein milieu de la baston… 

La deuxième bonne nouvelle, c’est que les restes de la colonie de mouches ramenées d’Hœdic un mois plus tôt ont déserté le navire une fois arrivées en Espagne. Une traversée sur le Titanic sans l’iceberg, ça a dû les refroidir.

J’y retourne, on a encore un cap Finisterre à passer, après il paraît que les vacances commencent…

« La Route du Rhum, c’est long, surtout au début. » (Woody Baleine)

***

Et en vrai ?

IO est parti de La Turballe par conditions de vent de nord-est le 24 octobre 2018.

Petite pause à Arès dans un temps à grains, entre 10 et 40 nœuds. Dur. Démarrage le lendemain pour le passage du cap Finisterre, avec la totale : grains, grêles, orages et éclairs, tonnerre et 4 m de mer. Encore dur. Quand les bancs du cockpit sont recouverts de grêlons, ça n’augure jamais rien de bon.

IO a réalisé sa plus grosse pointe en trente-cinq ans : 14,4 nœuds. (27 km/h. Oui, bluffant et difficile à croire, une fois de plus.)

Nous sommes arrivés à Muros le 29 octobre. Nous étions salés. Et il faisait humide… 

Il flotte depuis quatre jours, IO s’est offert un beau cadeau, un radiateur, et son équipage quelques tapas…

La pause est plus longue que prévue. Dépression après dépression, les jours se suivent et se ressemblent : un ponton, de la pluie, du vent.

En attente des bonnes conditions pour continuer…


[1] Notre plateforme arrière, 1 m2 de plus pour la vie dehors…

[2] Véridique. Je chausse du 39, mais j’avais pas prévu d’aller me promener sur le pont toute la journée à l’époque. On n’avait plus trop de sous, et Mika avait laissé ses bottes. Pointure 45, donc. Pas hyper pratique toutefois pour faire trois pas.

[3] Vent de nord-est signifie qu’on est au portant depuis La Turballe, c’est donc normalement une allure confortable. Entre la théorie et la pratique, il n’y a qu’une vague.

[4] GV : abréviation de grand-voile, voile principale d’un bateau. Prendre un ris, c’est réduire la voilure quand le vent monte. Prendre trois ris, ça veut dire réduire la toile au maximum, et si on utilise le tourmentin en même temps, c’est que ça sent pas bon du tout.

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