
Bienvenue au cœur de Pérégrinations maritimes d’un ciré jaune sur talons de 12, mon journal de bord depuis quelques années !
Vous êtes éditeur ?SURFING MINHO
Nous avons levé l’ancre le 25 novembre pour le sud du Portugal, et il a toutefois fallu faire des pauses sur la route (rapport peut-être à ma bassine qu’on devait vider régulièrement). Un peu comme un trajet sur l’autoroute, toutes les deux heures (en l’occurrence, chez nous, tous les deux jours), la pause s’impose.
On décide de sortir un peu des sentiers battus et d’aller découvrir Foz Do Minho, mouillage à la frontière entre l’Espagne et le Portugal. Pour rentrer dans ce coin de paradis (mais on ne le savait pas encore, c’était un peu la grande aventure), il allait donc falloir naviguer sur le fleuve Minho. Et là, ça rigolait moins sur le pont…
Il est bon de repréciser (sait-on jamais) que nous n’avions toujours pas de moteur, ou qu’en tout cas il était bien impensable de lui faire confiance (le simple fait de le regarder nous donnait des boutons). Dans l’estuaire du Rio Minho, au nord, l’Espagne, A praia, province de Pontevedra ; au sud, Punta de Cabedelo, le Portugal. Autant de noms exotiques qui ne te font pas oublier que tu es dans un endroit plutôt inhospitalier. Les guides sont unanimes, l’entrée est dangereuse, il n’est pas recommandé de s’y aventurer.
Nous, l’aventure, on aime. On n’est pas des fillettes, et si IO est en acier, c’est qu’il peut tout affronter.
On est bien centrés dans l’axe du fleuve, il est temps de se préparer à passer ce moment désagréable. Des surfeurs sur la droite. Qui dit surfeurs dit vagues. Traduction : ça va probablement être un peu chaud, la suite qui s’annonce. La météo était clémente, on avait quand même prévu notre coup. Soleil dans le dos, les cailloux, on devrait les voir, et la houle1 ne devrait pas dépasser 1,50 m. Qu’ils disaient. Alors qu’on étudie bien les séries depuis une demi-heure, j’y vais, j’y vais pas (mon captain, ça fait quand même trente ans qu’il fait ça, regarder la mer), on décide finalement de se jeter à l’eau (façon de parler, c’est IO qui nage à ce moment-là). On laisse à bâbord la petite île avec le château en ruine qui marque l’entrée, et nous voilà sur le tapis roulant. Sauf que.
Sauf que dans cette série, la vague derrière nous, celle qu’on n’avait pas prévue, elle lève jusqu’aux panneaux solaires. Loin des 1,50 m annoncés, donc. Le coup de pas de bol. J’ai tout juste le temps de jeter la tablette à l’intérieur du bateau (l’eau de mer, pas certain que ce soit top pour l’électronique), et voilà que la vague arrivée par l’arrière se met à déferler2 au niveau de la plage avant. IO en rêvait, mais il n’est finalement pas parti au surf, il a dû comprendre que c’était pas trop le moment et qu’un coffre-fort, ce n’est pas fait pour surfer.
Une bonne douche d’eau de mer plus tard (rappelons qu’il ne fait pas plus de 10 °C, c’est marrant mais on commence à geler des doigts de pied), nous entrons dans le mouillage en tentant de nous remettre de nos émotions. Nouveau coup de pas de bol, la caméra qui était fixée sur les panneaux solaires n’avait plus de batterie : les images sensationnelles de ce moment de mer resteront gravées dans nos têtes.
Les douaniers portugais ont débarqué quelques minutes plus tard, une fois notre mouillage finalisé, et l’on se rend compte que l’on était, sans le savoir, (bien) observés depuis le début. Charmants, ils nous ont demandé (certainement par politesse, on sait tous qu’ils nous ont vus arriver aux jumelles) si l’entrée n’avait pas été trop compliquée. Ils ont ajouté qu’il suffirait de les appeler si on avait besoin de leur aide pour la sortie. Merci, messieurs, trop aimable. Faut croire qu’ils ne doivent pas voir grand-monde par ici et que le bateau jaune doit être l’attraction hispano-portugaise.
Ce coin reculé s’est avéré être un vrai havre de paix. On n’a, une fois de plus, pas été dérangés par les voisins. Si on a dû oublier le kitesurf car la météo n’était pas favorable, on a tout de même sorti les planches à voile pour aller se promener et ramasser des moules sur l’île à la forteresse abandonnée, et croyez-moi, la planche à voile par 5 °C le matin, c’était pas l’idée que je me faisais des vacances au soleil…
Bina, la gardienne (de nos cœurs, mais surtout de l’immeuble à Paris), plus parisienne que portugaise à présent, avait pourtant prévenu, quelques jours auparavant, que le Portugal était (fin octobre-début novembre) sous 40 °C. En effet, on avait entendu parler des incendies qui ravageaient l’ensemble du pays, mais faut croire que depuis deux semaines, le refroidissement climatique était passé par là. En tout cas, pour nous, l’hiver était bien au rendez-vous.
Décision est prise, l’endroit a beau être charmant, il est temps de retrouver des températures dignes des Caraïbes.
Ça, c’est ce qu’on espérait… et on se fourrait le doigt dans l’œil.
[1] Hauteur des vagues.
[2] Une vague qui déferle, c’est une vague qui se brise. Ici, c’est douche gratos (salée) pour tout le monde.
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