
Bienvenue au cœur de Pérégrinations maritimes d’un ciré jaune sur talons de 12, mon journal de bord depuis quelques années !
Vous êtes éditeur ?13 NOVEMBRE 2017 – VENI, VIDI, VOMI
Deux ans plus tôt, IO se préparait pour le grand départ à travers l’Atlantique. Notre premier voyage.
Cette année, direction les Canaries pour l’hiver ! Après vérification du moteur, sait-on jamais, et la dernière fête de la saison, IO s’en va « au soleil1 ».
Notre vaisseau a complété sa garde-robe et possède désormais une nouvelle voile d’avant2 qu’il va falloir tester, mais c’est certain qu’il va (enfin) filer comme une flèche (si si, tss).
[1] « Au soleil »… On était vraiment naïfs !
[2] Les voiles d’avant ne sont pas celles du siècle dernier, ce sont celles qui sont à l’avant du bateau, contrairement à la grand-voile qui est, elle, à l’arrière du bateau. On trouve le génois, le reacher, le foc, la trinquette, le spinnaker, etc., bref, pire qu’à la Fashion Week.
« Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours1. »
Soit. Mon ciré jaune, ma bassine et moi, on a bien traversé le golfe de Gascogne2. C’est assez clair ?
Note pour plus tard : si t’as pas d’obligations, vas-y en avion.
Note bis : pour toutes celles qui veulent perdre du poids avant leur mariage dans dix jours, qui veulent faire une cure détox avant les fêtes de fin d’année, qui ont pris 7 kg depuis qu’elles ont été larguées y a deux semaines, etc., j’ai LA solution !
Un petit golfe. Tu manges pas, tu bois pas, tu fumes pas. Ça dure trois ou quatre jours, c’est un peu intense, mais t’as vraiment pas le temps ni l’envie d’avoir la dalle… Mieux que la gastro, j’te dis !
Au fait, Guy Cotten, tu la crées quand, la pochette à vomi dans tes cirés ? C’est un peu relou de trimballer sa bassine à la main toute la journée… Penses-y, steupl’.
***
Pour être un peu plus précise, tout ce qui se passe dans le golfe de Gascogne reste dans le golfe de Gascogne…
Toujours flou ?
Après un départ jeudi à 11 h 30 de La Turballe, IO est arrivé à Cariño dimanche (à la voile dans le port, on vous laisse deviner pourquoi… rapport au moteur3) à 9 heures, après moins de trois jours de mer. Nous sommes repartis lundi matin pour passer la pointe et le cap Finisterre4 tant que la météo était encore (à peu près) acceptable. Les dauphins ont répondu présent, et ça a mis un peu de baume au cœur pendant le coucher de soleil…
Bilan du golfe : ça a été dur (sans blague). Un bateau performant avec des pointes de vitesse inimaginables (je sais, c’est dur à croire pour un coffre-fort).
Niveau météo, que du près océanique, des grains5, une mer d’enfer. La totale.
Niveau équipage, comme d’hab’. On ne change pas une équipe qui gagne. Vomita a subi son premier golfe6 la tête dans la bassine.
Après un cap Finisterre venté (rien d’étonnant, me direz-vous), IO a fait un petit tour de Galice au gré des rías. Muros, Portosín, Esteira, Corrubedo, Pedras Negras, Islas Cíes : on n’a pas vraiment été embêtés sur la route, puisque l’on n’a fait que des mouillages en solitaire. J’comprends pas, c’est pourtant cool d’être sur l’eau en plein hiver, avec quatre paires de collants, des bottes fourrées, la cagoule et le cache-nez…
Portosín ne présente pas un intérêt flagrant, hormis les tapas locaux. On se désaltère également au tarif espagnol, et on est vite requinqués… Même constat pour Esteiro, un autre coin de la ría7, où l’on n’a pas non plus croisé un chat. Mouillage au pied du bar, hyper confortable, la Galice commence à nous plaire. Corrubedo et son mouillage rouleur nous ont toutefois vite rappelé que la vie en mer, ce n’était pas de tout repos, mais nous avons bien vite oublié notre nuit agitée à notre arrivée à Pedras Negras, un mouillage enchanteur et mignonnet avec de nombreux pêcheurs, des bistrots face à la mer (le nerf de la guerre), et une ambiance de (vraies) vacances. Enfin, escale aux Islas Cíes (en face de la ría de Vigo) où nous étions (encore !) l’unique bateau au mouillage. Comme une impression que nous sommes les seuls à naviguer en plein mois de novembre dans le quartier… Et là, véritable désenchantement, ce ne sont pas moins de sept bateaux à moteur, avec trois plongeurs sur chaque embarcation, qui débarquent. Tous équipés de narguilés, avec les moteurs (sans échappement) qui tournent la journée sur le pont. Pas vraiment réglo, l’affaire…
Nous sommes arrivés à Baiona le 21 novembre, et, étant donné le coup de vent qui a pointé le bout de son nez (60 nœuds8 de vent dans la marina), on n’était pas si mal au ponton (qui grince). On attendait que ça passe pour ensuite filer direct dans le sud du Portugal. Au chaud. Comme promis. (Tu parles…) Cet arrêt nous a permis de vider les fonds9, légèrement humides, en raison de la météo des derniers jours…
[1] C’est pas moi qui le dis, c’est Napoléon.
[2] Zone qui s’étend de la Bretagne au nord-ouest de l’Espagne, jusqu’au cap Finisterre. Il ne s’agit pas du golf où tu passes (coucou FX) tous tes dimanches. Celui-là, avec un e, entre novembre et avril, vaut mieux l’éviter. Pas de bol, c’était toujours le moment où l’on décidait de traîner dans le coin…
[3] Indice : le moteur n’était plus alimenté en gasoil, ça marche vachement moins bien.
[4] Cap le plus à l’ouest de la Galice, en Espagne, pointe mythique de l’Europe. Une fois que tu l’as passé, tu es (presque) en vacances.
[5] Un grain correspond à un petit système nuageux entraînant une augmentation (ou non) brutale du vent, avec (ou non) changement de direction, et avec (souvent) de la flotte. Beaucoup de flotte. Mieux vaut avoir le ciré pas très loin, et pas toute la toile dehors…
[6] Celui dans le sens retour, sans le cap Finisterre, il ne compte pas ?
[7] Une ría est une vallée fluviale envahie par la mer. On en trouve tout le long du nord-ouest (côte galicienne) de l’Espagne.
[8] Le nœud n’est pas celui que tu utilises pour lacer tes chaussures. La vitesse du vent (et celle à laquelle va le bateau) dans le monde maritime s’évalue en nœuds, et 60 nœuds équivalent environ à 110 km/h. Autrement dit, c’était fort. Très fort. Très très fort.
[9] Les fonds d’un bateau sont les cales, situées sous les planchers, et dans lesquelles il y a (inévitablement) souvent de l’eau (douce ou salée) ou autre liquide (provenant du moteur), tout dépend des fuites que connaît le bateau…
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